MERCEDES CLASSE S 450 4 Matic Essai & VidéoLe divin est de ce mondePar Antoine Arnoux Sport-Prestige
Le 23 octobre 2008.
Chez Mercedes, la Classe S est une institution. C’est elle qui, depuis le début des années 80, officie en tant que porte drapeau de l’Etoile à travers le monde. Aujourd’hui, la quatrième génération porte encore un peu plus haut les standards du luxe selon Mercedes. Rencontre avec une S 450 4 Matic, un peu plus près des étoiles…
A force d’en voir pulluler en face des palaces parisiens, on ne se retourne même plus au passage d’une Classe S. Et pourtant, Mercedes a été fort bien inspiré en renouvelant son vaisseau amiral : les lignes trop fluides de la précédente génération, qui se sont d’ailleurs étendues au reste de la gamme, ne collaient pas à l’image statutaire de la marque. Révolution trop brutale… Certains ne lui ont pas pardonné et sont allés lorgner du côté des Audi A8 et BMW série 7. C’est avec bonheur que la Classe S retrouve ses attributs originels : grosse calandre presque verticale, dessin plus anguleux et classicisme exacerbé avec ses passages de roues rebondis. On garde toutefois des optiques effilées, plutôt bien intégrées à l’ensemble. Sans revenir à l’imposante W140, on est à 100 lieues de sa fluette devancière ( W220 ). Une renaissance, c’est un peu court en somme, et l’on pourrait dire bien des choses…
Notre monture du jour est une S 450 4 Matic, donc propulsée par un V8 4.5 de 340 ch. Une puissance qui nous laisse d’abord dubitatifs, au vu des quelques deux tonnes de la belle étoilée et de son long nez…
Le temps est clément, il nous reste une journée pour finir de décortiquer le comportement routier de notre S 450. Embarquement du compère Nicolas ( notre cadreur ), direction la Bourgogne, histoire d’éviter l’éternelle cohue francilienne.
Bon. Clé Keyless Go en poche ( option à 1720 € ), on franchit le seuil de porte chromé et on saute derrière le cerceau étoilé. La fermeture de porte Soft Close dresse le tableau : pas besoin de claquer les lourdes portes, une assistance électrique s’en charge discrètement. Dans le même registre, le volant se relève et le siège se recule automatiquement pour faciliter l’accès à bord… Assistanat? Non, juste le raffinement selon Mercedes, poussé à son paroxysme. On se retrouve dans un environnement dévolu au cuir épais et aux gadgets en tout genre. Même la « casquette » de l’instrumentation est recouverte de peausseries surpiquées. Une fois n’est pas coutume, les inserts en ronce de noyer n’ont pas cet aspect plastique si souvent rencontré. L’ambiance intérieure hésite entre un salon des premières et le bar Hemingway.
Quid des défauts de finition? Forcément, à ce niveau de prix, on a tendance à chercher. Longtemps, en l’occurrence : du dessin sans fioriture de la planche de bord au toucher des différentes commandes, on sent que les ingénieurs ont longtemps planché sur leur sujet. Très sobre, la ligne alu regroupant les commandes de clim auto…. Idem pour la petite montre rectangulaire, mais dommage qu’elle soit encadrée de deux molettes d’aération d’un banal plastique. Ce seront les seules fausses notes à relever : les plastiques de certains aérateurs et les boutons d’ouverture de l’accoudoir central auraient plus leur place dans une Classe C.
Sur la route : Impériale Classe S…Contact, le V8 s’ébroue dans un silence monacal. Vivement les grands espaces : avec son gabarit de péniche, notre Classe S n’apprécie pas trop le trafic encombré de la Porte Maillot… Voie de dégagement, et première surprise : les sièges multicontours dynamiques modifient leur maintien en fonction de la courbure du virage. En clair, ça bouge dans le dos… Les premiers kilomètres d’autoroute s’écoulent paisiblement, et nous laissent le loisir de nous familiariser avec le Distronic, ce fameux régulateur de vitesse adaptatif. Dont l’activation n’aura pas été de tout repos : mieux vaudra potasser le manuel d’utilisation pour pouvoir l’utiliser sans quitter la route des yeux, tant il manque d’ergonomie. Idem pour le GPS, identique aux autres modèles de la marque. Outre le manque d’exclusivité ( l’interface est la même que sur une Classe A ), on regrettera les tâtonnements nécessaires pour programmer une destination. Et pour avoir des infos sur le trajet en cours de route, mystère : les voies du satellite sont impénétrables. Bref, un système un peu vieillot de conception. Vraiment dommage, car la présentation des stations style transistor aux accents rétro est plutôt sympathique…
Arrivée aux alentours d’Auxerre. On quitte ce morne ruban autoroutier, à nous les départementales du Chablisais et du Tonnerois, non sans quelques doutes sur les affinités de notre S450 avec le réseau secondaire. Doutes vite ravalés…
Un pachyderme en tutu capable de faire des pointes, vous voyez? Le grotesque en moins bien sûr, mais sur la route, la Classe S donne à peu près cela… De la part d’un mastodonte de 2025 Kg, l’équilibre est impressionnant, même en mode Confort : la Classe S enchaîne les courbes avec une facilité déconcertante. 2 tonnes et plus de 5 mètres de long, vous êtes sûr? Artisan de ce tour de force, la transmission intégrale permanente 4 Matic. Le surpoids lié au dispositif n’excède pas les 70 kg, ce qui reste raisonnable, et se trouve désormais intégré à la boîte 7 G-Tronic. Neutre la plupart du temps, la Classe S avouera une légère tendance sur-vireuse dans ses retranchements ( répartition de 45 /55 au profit du train arrière ). Ce qui, pour rappel, n’est pas la vocation de la Classe S. Peu évidente en terme de motricité sur route sèche aux allures réglementaires, son efficacité se ressentira surtout à Megève en février… Mais le gain en dynamisme est sensible. Nous reviendrons sur l’excellente transmission automatique 7 G-Tronic, bien connue sur le reste de la gamme.
Un peu optimiste, une réaccélération précoce en sortie de courbe me fait déclencher l’ESP, très discret dans son intervention. Mais là, nous sommes déjà à des allures inavouables… Jamais Classe S n’avait fait preuve d’un tel brio. Mercedes serait bien inspiré d’appliquer la recette « intégrale » aux S63 et 65 AMG. Renaissance, nous disions, comme le magnifique château de Tanlay, qui nous a accueilli le temps d’une halte et d’une séance de pose pour notre S450.
Motorisation, transmission : 7 G-Tronic et symphonie pour V8On redescend sur terre : la direction présente toujours un flou vers le point milieu, même si le mode S apporte un léger mieux. La Classe S n’est pas une sportive et trouve pleinement à s’exprimer sur voies rapides. Où elle se transforme en piège à permis : aseptisé au possible, le V8 dispense une poussée franche, mais toute sensation de vitesse est gommée. Autre constat, les 340 ch ne sont pas de trop pour animer la lourde Classe S : les 320 CDI et 350 ne doivent pas être à la fête… 5,9s suffisent pour atteindre 100 km/h, Et avec un couple de 460 Nm dès 2700 trs/mn, les reprises sont impressionnantes : 2,8 s pour le 60 à 90, et 4 s pour le 90 à 120. Des chiffres excellents dans l’absolu, mais nous n’en attendions pas moins. Le passager arrière n’en aura cure : l’insonorisation est exceptionnelle. Seuls des bruits de roulement, davantage liés au revêtement, viendront troubler le silence qui règne à bord. Régulateur sur 130 km/h, le compte-tours affiche à peine 2000 trs/mn…
La moindre sollicitation du pied droit se traduit par une réponse immédiate des 8 canons de Navaronne, en mode S du moins. Car un temps de réponse, infime certes, subsiste en mode Confort. Même bousculé, le V8 sait rester distingué et ne donne jamais l’impression de forcer. Un peu comme un golfeur qui ne se permettrait pas de transpirer malgré une performance hors normes…
Ceci dit, le mélomane pourra profiter du chant des 8 cylindres en lieu et place du système audio Harman Kardon, très réussie au demeurant. En pleine accélération ( et vitres ouvertes, tant l’insonorisation est poussée ), le bloc 4,5 l vous gratifie d’un grondement rauque, néanmoins empreint d’une certaine noblesse. Au final, cette version est certainement, avec le V8 de la 500, la plus homogène de la gamme S. Un tour de force que le V8 doit en grande partie à la boîte automatique 7 G-Tronic précitée. Très douce et réactive, elle manque toutefois de rapidité en position Confort. Mode Sport sélectionné, les 7 rapports s’égrennent avec une rapidité et une absence d’à-coup déconcertantes. Mais surtout, l’allant du moteur n’est aucunement étouffé par le convertisseur de couple. Bien loin des anciennes transmissions auto Mercedes. Pour un peu, cette boîte passerait pour une Multitronic ( variateur )…
Retour à Paris, l’autoroute déserte nous donne l’occasion de découvrir les derniers raffinements de l’habitacle, dont l’étonnante caméra de vision nocturne. L’affichage en lieu et place du tachymètre sur écran LCD parfait un peu plus le côté high-tech de l’habitacle. Outre sur départementale sinueuse en pleine nuit, son utilité n’est pas flagrante. On regrettera malgré tout une lacune concernant la visibilité : les rétroviseurs sont trop petits ( pour alléger la ligne? ), en pure perte pour la rétrovision.
Le bilanOn ne s’attardera pas sur le prix, il est des détails dont les gentlemen ne discutent pas…
Mais certaines lacunes d’équipement sont pourtant à mourir de rire, comme le capteur de pression des pneus, option facturée 350 €, ou encore les fixations Isofix ( 130 € ) alors que la facture totale s’établit à près de 120 000 €. D’autres options sont davantage justifiées : au prix de base de 106 400 €, il faudra rajouter 4800 € pour les écrans LCD arrière ou encore 600 € pour les sièges avant multicontours.
Une bonne surprise toutefois, la consommation est restée relativement contenue : 13 l /100 km sur notre parcours, qui n’incitait pourtant pas à une conduite économique… En mode Sport, la consommation grimpe toutefois à près de 15 l / 100 km. Mais est-ce bien décent de parler d’économies de carburant dans de telles sphères? Au final, le bon de commande de notre S450 4Matic s’élève à 119 700 €. Un prix élevé, justifié par un degré de raffinement au sommet. Mais une Audi A8 4.2 Quattro Avus, aux meilleures prestations dynamiques et à la présentation tout aussi valorisante, est proposée à 104 750 €. Sans parler des 367 ch d’une BMW 750 i, accessibles dès 93 500 €… Précisons que l’éco-malus s’élève à 2600 € ( 277 g de CO² / km ). Saupoudrez le tout d’une carte grise à 1150 € ( 25 CV )…
Mais en définitive, bien peu de défauts réels ressortent de ces quelques jours passés en Classe S. L’agrément de conduite est exceptionnel pour qui cherche une infatigable dévoreuse de kilomètres, et les prestations de confort sont simplement royales. Sans compter l’image, toujours plus établie à chaque nouvelle génération…
Nous adressons nos plus vifs remerciements à Mme de La Chauvinière, propriétaire du château de Tanlay ( Yonne ), sans qui les prises de vues photo et vidéo n’auraient pas été possibles. Pour en savoir plus sur l’historique du château et les possibilités de visites, vous pouvez contacter le 03 86 75 70 61 ou consulter le site du château de Tanlay.Les +Compromis sécurité / dynamisme
Agrément moteur / boîte
Présentation intérieure flatteuse…
Performances exceptionnelles
Les -…mais trop gommées en mode Confort : peu de renvoi d’informations
Quelques détails agaçants à ce niveau de prix
Ergonomie parfois peu intuitive
Addition évidemment élitiste et politique d’options
Caractéristiques techniques :Moteur : V8 avant, longitudinal
Distribution : 2 X 2 ACT, 32 soupapes
Cylindrée : 4663 cc
Puissance maxi : 340 ch à 6000 trs/mn
Couple maxi : 460 Nm à 2700 trs/mn
Transmission : intégrale permanente, automatique 7 rapports
Dimensions L x l x H ( mm ) : 5079 x 2115 x 1473
Poids : 2025 kg
Pneumatiques : 235 /55 R 17
Coffre : 560 l
Performances : 0 à 100 km/h : 5,9 s
vitesse maxi : 250 km/h
consommation cycle mixte ( l/100 km ) : 11,3 ( annoncé ), 13 ( relevé )
émissions CO² : 277 g/km
Source : Par Antoine Arnoux Sport-Prestige :
http://actualites.sport-prestige.com/tag/mercedes/